Éthiopie
octobre 2010
Voyager pour le café, selon Michel, c’est aussi « accepter de vivre le moment où l’on est, profiter de ce que l’on vit sans râler pour la chambre, le lit ou la douche ». En 2010, il illustre son propos en Éthiopie.
« C’est un client français, torréfacteur, qui m’a emmené dans la vallée de Lomo. Nous avions parlé longuement de café et de l’Éthiopie, où il finance un orphelinat. Ses souvenirs de voyages me faisaient rêver. Je l’avais quitté en disant « Si un jour tu as de la place dans tes valises, appelle-moi ! ». Il a tenu parole et m’a téléphoné 15 jours avant son départ suivant ! Ça a été le branle-bas de combat à la maison, mais finalement je suis parti, pour ce qui reste à ce jour l’un de mes plus beaux voyages. Je rêve presque de m’installer dans une plantation là-bas !
Nous avons passé quelques jours à Addis Abeba, la capitale, à visiter les coopératives. C’est la première fois que je voyais des femmes trier le café à la main : un travail harassant et impressionnant de vitesse et de précision ! On ne voyage jamais seul dans un pays de café : on est toujours accompagné par des travailleurs locaux. On mange avec eux, on dort chez eux parfois, et on visite des endroits que les touristes ne voient pas. Après la capitale, nous sommes donc descendus vers les plantations : en Éthiopie, pays de plateau situé à 2.000 mètres d’altitude, on descend vers les plantations, au lieu d’y monter comme ailleurs. Nous y avons passé 4 jours, dans la région de Sidamo Yirgacheffe, qui produit l’un des cafés les meilleurs et les plus chers du monde. Que nous avons dégusté torréfié à la poêle, moulu sous une pierre et mélangé à de l’eau directement dans la tasse !
Ensuite nous nous sommes rendus dans la vallée de Lomo. Nous avons dormi dans des villages d’éleveurs pastoraux, qui vivent encore dans des cases sans portes, fenêtres ou commodités. Les tribus là-bas ne s’entendent pas toujours, aussi les femmes sont-elles armées de kalashnikov, dont elles n’hésitent pas à se servir pour défendre leurs biens : puisque le Soudan voisin est en guerre, il est aisé de se procurer des armes contre des têtes de bétail ! J’ai assisté à un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte, au cours duquel les jeunes adultes doivent passer par-dessus 9 taureaux, au milieu d’un cercle de femmes en transe qui se flagellent et dansent. J’ai vu des hommes se nourrir exclusivement de sang chaud de taureau, pour grossir très rapidement et pouvoir participer à un combat annuel de gens énormes.
Ces 5 jours au milieu de nulle part, à boire de l’eau chaude, manger des conserves et me laver dans la rivière à l’écart des femmes… comment vous dire ? C’est à la fois vraiment extraordinaire, et une leçon magistrale : quelle chance que nous avons, nous qui avons tout et qui nous plaignons sans cesse ! »
Le café éthiopien de Charles Liégeois Roastery : Le Sidamo, un café fruité et légèrement acidulé, aux notes prononcées de jasmin, que l’on retrouve notamment dans le mélange Subtil.